Le FN poli s'incruste dans l'opinion

Publié le par Christophe Leduc

Les idées du Front national remontent dans l'opinion. Le Pen fait moins peur qu'auparavant. Tels sont les constatations d'un inquiétant article paru dans l'édition du 15 décembre du Monde, article basé sur un sondage TNS-Sofres réalisé les 7 et 8 décembre.

C'est de manière insidieuse que les idées frontistes, et plus généralement de l'extrême droite (laissons à De Villiers et à la frange dure de l'UMP, Sarkozy et Vanneste (l'homophobe, également à l'origine de l'amendement soulignant le «rôle positif» de la «présence française» dans les colonies) en tête, des miettes du crédit de ces remontées acides).


Ainsi, on apprend que 38 % des personnes interrogées sont tout à fait d'accord avec cette affirmation : «On ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France». C'est quoi les valeurs traditionnelles ? Travail, famille, patrie ? En tout cas, ce pourcentage est en hausse, il dépasse légèrement son niveau de 2002.

Cela ne s'arrête pas à une vague nostalgie pétainiste. 63% des sondés estiment qu'«il y a trop d'immigrés en France». Plus qu'en 2000, 2002 et 2003 où ce taux plafonnait à 59%.
Logiquement (sic), 48% des sondés vont donc jusqu'à penser qu'
«on ne se sent plus vraiment chez soi en France» (contre 44% en 2002).

Seul espoir (?) : le thème de la préférence nationale ne fait plus vraiment recette, que ce soit pour l'emploi ou pour les prestations sociales. Est-ce parce que les gens ont compris ? Ou bien peut-on craindre que ces idées aient été trop diabolisées pour que certains de ses partisans les revendiquent ?...


Le Pen puise son discours dans le terreau nazi
Le discours lepéniste, frontiste et plus généralement celui de l'extrême droite trouve ses racines (européennes...) dans le nazisme
(dessin humoristique de Biz


Dernier aspect inquiétant du sondage : l'adhésion à l'idée que «la construction de l'Europe est une menace pour l'identité de la France» augmente considérablement. Les sondés sont 21% à être tout à fait d'accord avec cette idée (contre 12% en 2003, 9 en 2002 et 16 en 2000). Au total, ils sont 45% à être d'accord avec cela (35% en 2003, 28 en 2002, 39 en 2000).
On a beaucoup parlé du "non" de gauche au référendum sur le traité constitutionnel européen. Posée de cette façon, la question fleure plutôt le nationalisme, l'exaltation de notre douce France. Et nombreux sont ceux qui sont d'accord.
Or l'Etat-nation est mort. La seule chance que la France ne soit pas dissoute dans la mondialisation américaine, c'est qu'elle soit forte du soutien de l'Europe, permettant de préserver, sans fermeture d'esprit, la culture franco-européenne.


Manifestation anti-Le Pen en 2002
Manifestation contre Le Pen en 2002 (photo Patrice Bouvier - son site)


Il semble important de noter que les scores sont très différents selon que l'on mentionne ou pas le nom de Jean-Marie Le Pen. Il semble donc exister une proportion importante de citoyens, qui, s'ils adhèrent aux idées de l'extrême droite, ne les revendiquent pas si elles sont associées à Le Pen -- de peur d'être honteux dans leurs environnement ? par culpabilité après les multiples campagnes de matraquage anti-Le Pen dans les médias ?

Ce qui nous amène à une dernière interrogation. A la succession de Le Pen, il est probable que le Front national continue d'exister. Peut-être la succession se fera par la règle du sang, donnant le pouvoir à Marine Le Pen. Celle-ci, jeune femme tout sourire, choisira probablement de polir l'image du FN, de se débarasser de l'aura négative de son père. Elle risque alors de remporter bien plus de suffrage que son aîné, en reprenant le même fond de commerce, les mêmes idées détestables, fachos (il paraît qu'on peut être condamné si on met le vrai mot, pas si on met celui ci passé dans le langage courant et moins péjoratif).
Et si ce n'est pas elle, nombreux sont les populistes qui promettront des mesures extrêmes, dignes de Le Pen, pour lutter contre les fléaux estimés par les fachos.
Puisque les idées d'extrême droite en ne faisant que murmurer leur origine s'enracinent en France, et qu'il semble qu'elles soient de plus en plus appréciées des Français.
 Marine Le Pen
Marine Le Pen, fille --au discours (et au discours seulement) aseptisé-- de son père --aux idées extrêmement dangereuses
(photo du site du FHaine)
A lire : trois articles sur le rapprochement de la droite avec l'extrême-droite, dans le Monde, dans l'Humanité et dans Libération (qui y consacre nombre de pages...).



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P
ah lalala<br /> marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons...<br /> ah le nationalisme...<br /> qu'est ce qui pourrait être pire que son arrivée au pouvoir ?........ comment la démocratie française s'en remettrait ? si l'on doit respecter le vote des citoyens.... comment réagir ? une bonne révolution?
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