Pot-pourri de réflexions : l'existence de l'individu sur internet

Publié le par Christophe Leduc

Il me semble nécessaire à l'individu contemporain d'exister sur internet.

Cette nécessité s'est imposée aux entreprises depuis longtemps déjà : une présence virtuelle complète leur existence réelle. Voire : sans avatar, sans prolongation sur l'internet, elles n'existent pas pour une partie de l'humanité (que l'on peut estimer croissante encore).

Les entreprises visent à engranger de l'argent. Quel est le bénéfice d'une existence duale pour l'individu ? Je ne démontre rien, je cherche.

L'avatar, reflet d'esprit

La notoriété aussi. Le processus d'individuation se poursuit par l'exacerbation des singularités sur le réseau mondial. Ce qui permet d'exister dans des sphères géographiquement ou socialement éloignées, mais culturellement ou intellectuellement proches. Existence qui permet éventuellement l'inscription dans des réseaux sociaux alternatifs. Et qui, rêvons un peu, autorise une différenciation toujours croissante des individus, de leurs culture, réflexion, etc. Le danger étant de s'enfermer dans une communauté (réseau social) extrêmement pointue et fermée sur elle-même. Mais la réalité, complémentaire, est là pour pallier cet inconvénient : le hasard y est plus présent, l'émotion prégnante.
Skyblogs ou le moi dans le groupe
Les skyblogs, prémices de cette utilisation sociale de la Toile, restent très ancrés dans le monde réel : on s'affirme et on consolide son réseau réél (sa classe, son collège, son quartier...), bien que celui-ci puisse éventuellement s'étendre par ce biais.
Les blogs ou les sites personnels sont généralement moins ancrés dans la réalité : leur localisation dans le monde réel et leur attachement à une classe sociale sont ramenés au second plan. Bien que (est-ce une déviance ?) la présentation de l'auteur par son CV, son nom, son visage, fournisse une caution d'authenticité (où l'on rejoint le journalisme...) et un gage de vérité (...), recherchés par certains avant même le contenu. Réminiscence de la réalité, où l'interlocuteur possède un corps, une voix (l'écrivain, une photographie, une biographie, le journal, un titre, une ligne éditoriale) ?
Par son blog, l'individu existe alors intellectuellement sur le réseau, de manière plus ou moins abstraite (je laisse de côté les blogs citoyens, type Mon Puteaux, qui procèdent apparemment d'une démarche différente).
S'inscrire dans un réseau d'influences humaines avec Myspace
Les sites de « social networking » ou réseautage social sur le net sont apparus pour renforcer l'existence virtuelle de l'individu, l'inscrire dans un groupe, lui donner des références. Myspace est plus conventionnel que les blogs : il est un reflet à peine déformé des conventions réelles. Il permet à l'individu de se situer dans un réseau social, souvent hiérarchisé : les références culturelles au sommet menant au Myspace individuel ; au centre, l'horizontalité : un anneau du réseau rassemblant ceux qui partagent ces références et/ou qui se connaissent, réellement ou virtuellement. Au niveau inférieur, ceux qui adhérent aux créations de l'individu sans forcément connaître ou partager ses références. Le schéma est caricatural, mais permet à mon sens de montrer que Myspace est bien trop calqué sur la réalité pour perdurer en l'état. D'ailleurs, les artistes, et principalement les musiciens, s'en sont approprié l'usage, et Rupert Murdoch, magnat historique des médias traditionnels, a racheté le portail. Il semble que Myspace soit destiné à devenir une plate-forme de vente de musique d'un nouveau genre (à voir...).  Ce qui condamne son utilisation pour réseautage social.
Narcissisme et nécessité grégaire
La construction d'un réseau social complémentaire des blogs est-elle nécessaire ? A priori, elle n'est porteuse d'aucune plus value artistique ou intellectuelle. Le lien avec les références quotidiennes du blogueur est tracé par les hyperliens des articles, et un succinct annuaire de favoris.
Le réseautage social permet l'accroissement de l'influence de l'avatar. Il donne donc l'illusion de renforcer son existence. L'être éthéré devient solide...
D'une certaine manière, les jeux de rôle massivement multijoueurs jouent de ce fantasme et vendent sa jouissance. L'avatar anonyme gagne de l'équipement, bat des monstres de plus en plus puissants et devient donc remarquable. Il rejoint une guilde. Mais dans ce cas, le réseau social est édifié sur un jeu, pour lequel l'avatar est caricatural. Le jeu se mue parfois en une séance de chat amélioré.  
Le cas Second life
Je n'ai pas essayé Second life, réalité virtuelle sous un miroir déformant, dont la monnaie virtuelle est convertible en US dollars bien rééls. Apparemment dédiée à l'entrepreunariat next-gen, la plate forme est encore réservée à un public de niche (une avant-garde ?). J'y reviendrai probablement dans un article ultérieur.

L'existence binaire comme survivance plurielle

La postérité. Le blog semble être un média de l'éphémère. Idéalement, son auteur poste des articles régulièrement, le plus souvent tous les jours, afin de fidéliser le public volatile de l'internet. Comme il vérifie son courriel, le surfeur parcourt quotidiennement les blogs qui l'ont interpellé. S'il n'y trouve pas d'actualisation fréquente, le visiteur ne revient pas.
Fréquence des articles, donc ; et chacun est précisément daté. L'affichage des posts se déroule dans un ordre chronologique inverse : les plus anciennes pensées sont donc englouties par le flot de la nouveauté. Il est alors intéressant pour l'auteur de tisser un réseau d'hyperliens entre ses articles, à la manière d'un réseau mémoriel.
Mais même l'article unique auquel rien ne renvoie demeure. Il suffit de fouiller...
Ainsi, au fil des mois et des années, se constitue un avatar aux multiples facettes. Le blog est une nouvelle écriture : à la manière du roman, ou du journal intime - dont il est souvent le décalque impudique -, la somme des mots produit l'image d'un être. Mais une image évolutive, qui s'analysera aussi par de nouveaux outils. Un faisceau d'articles inscrit dans une période donnée, auquel plus aucun lien ne renvoie par la suite (sinon en queue d'une arbitraire catégorie, qui peut elle aussi dénoter une époque), peut être révélateur. Tout comme un article auquel l'auteur fait référence pendant des années...
Le blog est encore immature, peu de créations originales ont encore émergé. Aujourd'hui, ce média reste celui du présent, aucun blog ne semble prêt à accéder à la postérité.


Publié dans Réflexions

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S
... quelques pistes de reflexions qui ne demandent qu'a etre approfondies! Ce sujet le merite, je pense que tu ne vas pas assez loin : d'apres moi, ca n'est pas dans la nature de cette seconde existence qu'il faut en chercher le cote attractif, mais dans ses differences avec le "monde reel".<br /> Je pense que cette seconde existence peut devenir un refuge pour ceux qui n'acceptent pas leur condition, c'est ca qui la rend si populaire. Penser a ceux qu'on surnomme "geeks" ou "nerds". Enfin, tout comme toi, je ne demontre rien, je cherche egalement!<br /> <br /> PS : au fait, tu vieillis :-) je commence a trouver des fautes d'orthographe dans ton article ... et "pallier" est un verbe transitif<br /> <br /> PS2 : et bonne annee!!! :D<br />
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C
Hum je sais pas... j'ai écrit les 3/4 de ce texte d'une traite et ajouté deux-trois trucs un peu plus tard. Je ne suis pas totalement satisfait du résultat, il me manque quelque chose... M'enfin je l'ai posté quand même, parce que j'ai travaillé dessus et parce qu'il contient quelques pistes de réflexion
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L
Je crois que tu pourrais envoyer ton post à Nicolas Pélissier pour compléter ses notes, il ne serait ravi...
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