Animaux urbains
Avez-vous donné des sous au gamin du grand carrefour qui lave les pare-brise ?
C'est un héros américain, celui du rêve récurrent d'une liberté totale : pas de tuteur ni de racines pour ces bouts de chou ; pas de lumière non plus, sinon celle des néons épileptiques.
L'enfer tiède des mégalopoles est le terrain de jeu des gosses des rues du monde entier -- de la grandiloquente cité-décharge vallonnée par les détritus où s'agite un écosystème invisible, où l'horizon rougeoyant disparaît sous les nuées toxiques des fumerolles opaques, jusqu'au cimetière, où le marbre s'enfonce dans la glaise à l'ombre d'arbres immémoriaux, où de jeunes fantômes s'écroulent, ivres de crack, sous l'oeil réprobateur des feux follets.
Qu'ils soient chinois, turcs, colombiens, russes ou zaïrois, français ou américains, les enfants des rues suivent le modèle Scarface : le sexe, la défonce et le vol.
Délaissés, pas encore éduqués, ils sont soumis à la loi du plus fort dans nos jungles urbaines. La mutation s'amorce sous la pression de l'environnement : l'enfant devient chimère, mi humain mi chacal -- une aberration désinhibée, hostile à tout sauf à son gang, son unité élémentaire de survie.
Le gamin enfin mature, son visage arbore un masque de crasse : de la poussière qui fixe les particules des gaz d'échappement. Il a l'esprit dur, affûté comme un poignard de survie. Si sa carcasse purulente est encore bonne à le porter, l'ancien enfant est recyclé par les ordures à col blanc : il a trouvé une famille.
C'est un héros américain, celui du rêve récurrent d'une liberté totale : pas de tuteur ni de racines pour ces bouts de chou ; pas de lumière non plus, sinon celle des néons épileptiques.
L'enfer tiède des mégalopoles est le terrain de jeu des gosses des rues du monde entier -- de la grandiloquente cité-décharge vallonnée par les détritus où s'agite un écosystème invisible, où l'horizon rougeoyant disparaît sous les nuées toxiques des fumerolles opaques, jusqu'au cimetière, où le marbre s'enfonce dans la glaise à l'ombre d'arbres immémoriaux, où de jeunes fantômes s'écroulent, ivres de crack, sous l'oeil réprobateur des feux follets.
Qu'ils soient chinois, turcs, colombiens, russes ou zaïrois, français ou américains, les enfants des rues suivent le modèle Scarface : le sexe, la défonce et le vol.
Délaissés, pas encore éduqués, ils sont soumis à la loi du plus fort dans nos jungles urbaines. La mutation s'amorce sous la pression de l'environnement : l'enfant devient chimère, mi humain mi chacal -- une aberration désinhibée, hostile à tout sauf à son gang, son unité élémentaire de survie.
Le gamin enfin mature, son visage arbore un masque de crasse : de la poussière qui fixe les particules des gaz d'échappement. Il a l'esprit dur, affûté comme un poignard de survie. Si sa carcasse purulente est encore bonne à le porter, l'ancien enfant est recyclé par les ordures à col blanc : il a trouvé une famille.